Le syndrome de Cassandre
Posté par Joël le 21 octobre 2010
En visitant quelques blogs parlant de catastrophes écologiques, comme celle survenue récemment en Hongrie, ou de catastrophes humaines, comme celle de la mine de San José au Chili, je me suis remémoré mes rares souvenirs de mythologie grecque.
Vous avez peut-être remarqué que certains préfèrent parfois blâmer la personne qui les prévient d’un danger, d’une menace plutôt que d’affronter ce danger ou à cette menace.
Ce comportement correspond à la problématique de Cassandre : plutôt que de l’écouter, chacun la fuit.
Le paradoxe de Cassandre
De plus, la problématique de Cassandre, contient un terrible paradoxe.
En effet, si on la croit, on entreprend les réformes nécessaires.
De ce fait les malheurs ne se produisent pas et les imbéciles disent qu’elle s’est trompée.
Si on ne la croit pas, on ne corrige rien et les malheurs arrivent.
Je vous propose donc de vous parler de ce personnage la mythologie grecque, Cassandre.
Les versions divergent un peu sur les détails, mais en voici l’essentiel :
Cassandre ayant la faculté de connaître l’avenir, avait prévenu les troyens d’une grande catastrophe : la ruine de Troie.
Elle s’opposa à l’entrée du fameux cheval imaginé par Ulysse, mais personne ne l’a écouté.
On connaît la suite : Cassandre n’avait fait que des prévisions justes, et qui s’étaient réalisées précisément parce qu’on ne l’avait pas écoutée.
Pourquoi ne fut-elle pas écoutée ?
Cassandre était la fille de Priam, roi de Troie, et d’Hécube. Elle était réputée pour sa grande beauté et eut de nombreux soupirants.
Elle suscita aussi l’amour du dieu Apollon et obtint de lui le don de prophétie en échange de ses complaisances.
Mais elle ne tint pas ses promesses : ayant obtenu ce don de prophétie, elle n’accorda à Apollon qu’un simple baiser en se moquant de sa naïveté.
Alors le dieu, se vengea de cet affront. Comme il ne pouvait reprendre son don, lui retira le pouvoir de persuader.
Elle conserva le don de prophétie, mais on ne la crut jamais !
Parmi ses prédictions justes mais non écoutées, on peut retenir les suivantes :
- le danger du cheval de Troie ;
- la destruction de la ville de Troie ;
- la mort d’Agamemnon, ainsi que sa propre mort.
Durant le siège de la ville de Troie, elle ne cessa d’annoncer la ruine de la cité si l’on n’entamait pas des négociations de paix.
Personne ne voulut la croire et l’on se moqua d’elle, les Troyens croyant leur ville imprenable.
Elle supplia même : « N’en faites rien, … cet animal porte la mort dans ses flancs ».
Mais les Troyens haussèrent les épaules, accrochèrent des cordes au cou de la bête et sourds aux sanglots de la Princesse, le hissèrent jusqu’au cœur de la ville.
La nuit tombée, des soldats grecs sortirent des entrailles du cheval et portèrent la mort du nord au sud, de l’est à l’ouest de la ville.
Ce fut la fin de Troie.
Cassandre pécha par excès d’optimisme ; elle espérait être entendue des sourds.
Ce récit mythologique a marqué les esprits et ce nom, Cassandre, est resté jusqu’à nos jours le symbole de ceux qui tentent d’avertir leurs semblables des malheurs qui arriveront si ces derniers ne corrigent pas leurs comportements.
Ainsi, l’expression « jouer les Cassandre », qui signifie prédire des malheurs, être oiseau de mauvaise augure, tire son origine de ce mythe.
Mais on oublie l’essentiel :
Si Cassandre prédisait des malheurs que personne ne croyait, ses prédictions étaient bel et bien véridiques !
On vérifie fréquemment cette difficulté à être entendu lorsque l’on annonce des événements que les personnes n’ont pas envie de voir se réaliser… comme si le fait de ne pas les croire pouvait les empêcher de survenir !
Peut-être pourrait-on se souvenir avant d’accuser certains scientifiques d’alarmisme et de pessimisme lorsqu’ils évoquent les conséquences probables du réchauffement climatique.
Voici une vidéo bien connue des internautes, souvent présentée comme trop alarmiste ; cliquez, regardez et repensez à Cassandre :
http://www.dailymotion.com/video/xcnftd
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