22 juin 1916 – l’enfer de Verdun
Posté par Joël le 22 juin 2016
Les commémorations patriotiques ne rassemblent plus beaucoup de monde, on ne cesse de le rappeler.
Le 11 novembre ou le 8 mai, on ne compte qu’une poignée d’enfants sur les centaines scolarisés dans la commune.
Les adultes, ne sont guère plus nombreux, à part peut-être certaines années particulières…
A-t-on oublié le sacrifice humain des différents conflits qui ont marqué le 20ième siècle ?
Ce n’est pourtant pas si éloigné de nous.
Il y a un siècle, la France subissait la « grande guerre».
Deux batailles particulièrement meurtrières marquèrent l’année 1916 : celle de Verdun et celle de la Somme.
Du 21 février au 19 décembre 1916, c’est « l’enfer de Verdun »…
La bataille de Verdun a fait plus de 700.000 victimes : 306.000 tués et disparus (dont 163.000 Français et 143.000 Allemands), environ 406.000 blessés (dont 216.000 Français et 190.000 Allemands).
Cette bataille, destinée à « saigner à blanc l’armée française », a finalement coûté des pertes quasiment identiques dans les deux armées adverses !
30 millions d’obus allemands et 23 millions d’obus français de tous calibres sont tombés sur quelques dizaines de kilomètres carrés.
Les communes relevant la bataille de Verdun
La bataille de Verdun s’est en réalité déroulée sur un grand nombre de communes.
Neuf villages situés en première ligne de l’offensive de février 1916 ont été entièrement détruits lors de la bataille de Verdun. Six d’entre eux n’ont jamais été reconstruits.
Avocourt ; Azannes ; Beaumont-en-Verdunois (village détruit) ; Bethelainville ; Bezonvaux (village détruit) ; Brabant-sur-Meuse ; Bras-sur-Meuse ; Charny-sur-Meuse ; Chattancourt ; Consenvoye ; Cumières-le-Mort-Homme (village détruit) ; Damloup ; Douaumont (village détruit) ; Eix ; Esnes-en-Argonne ; Flabas ; Fleury-devant-Douaumont (village détruit) ; Forges-sur-Meuse ; Fromeréville-les-Vallons ; Gercourt-et-Drillancourt ; Gremilly ; Haucourt ; Haumont-près-Samogneux (village détruit) ; Louvemont-Côte-du-Poivre (village détruit) ; Malancourt ; Marre ; Montfaucon ; Montzéville ; Neuville ; Ornes (village détruit) ; Regnéville-sur-Meuse ; Regret ; Samogneux ; Septsarges ; Thierville-sur-Meuse ; Vacherauville ; Vaux-devant-Damloup (village détruit) ; Verdun ; Vignéville ; Ville-devant-Chaumont
Juin – la pression allemande
Début juin, le général Falkenhayn veut frapper un grand coup pour enfin en finir avec Verdun !
Il devient en effet urgent et primordiale pour l’Allemagne de dégager ce point du front ouest car les services de renseignement allemand prévoient l’imminence de 3 grandes offensives :
- dans la Somme, menée par la France et l’Angleterre ;
- sur le front russe ;
- sur le front italien.
Le 106e régiment d’infanterie (12e divisions d’infanterie – 24e brigade) en défense du fort de Vaux
Le 18 juin, pendant la nuit, des éléments montent en ligne du ravin des Fontaines à la Laufée avec les 54e, 67e et 132e R.I. (en face du fort de Vaux). Le 106 R.I. relève les 292e, 305e et 321e R.I. très éprouvés par leur lutte face au fort.
Le 20, d’autres éléments se placent en ligne dans le bois de Nawè avec les 54e, 67e et 132e R.I. (à la batterie de Damloup).
Le 21 juin, à partir de 8 h 00, le bombardement allemand s’étend à tous les fronts de la rive droite de la Meuse.
Sentant l’imminence de l’attaque franco-britannique sur la Somme, les Allemands veulent en finir avec Verdun et lancent leurs meilleures troupes dans la bataille. L’armée allemande se prépare à l’attaque massive sur la ligne Fleury, Fort de Souville, Fort de Tavannes.
Une torpille tue un lieutenant du 106e ainsi que 8 hommes et fait 4 blessés. Un obus défonce l’abri Sud-ouest de la batterie de Damloup où toute une section de mitrailleuses est ensevelie.
Le 22 a lieu la terrible préparation d’artillerie allemande aux obus à gaz toxique en prévision de l’attaque du lendemain.
Ce bombardement intensif durera presque 24 heures.
À 13 h, une contre-attaque par les 2e et 3e bataillons du 54e R.I. est décidée vers la cote 349, à l’ouest du fort de Vaux.
Le 2e bataillon, renforcé par 3 compagnies du 106e R.I. et 2 compagnies du 132e, doit partir à droite, alors que le 3e bataillon doit se diriger sur la gauche. Le 245e R.I. reste en soutien.
A l’heure prévue, plusieurs compagnies sont déjà anéanties par un bombardement très violent. D’autres sont bloquées devant les lignes allemandes, prises sous le feu des mitrailleuses. D’autres encore se déportent en avançant et n’atteignent pas leur objectif.
Finalement, cette attaque n’apporte aucun résultat, sinon de faire tuer des hommes !
Selon les récits des survivants, ce 22 juin, le soleil brillait. Mais comme les jours précédents, et les suivants, il s’est éteint à tout jamais pour de nombreux les soldats tombés ce jour-là. Parmi eux, le frère de mon grand-père.
Soldat au 106e régiment d’infanterie, Oscar DEPRETZ est mort pour la France le 22 juin 1916 à Damloup, il avait 21 ans. Ce régiment a connu de lourdes pertes ce jour-là : 74 tués et 270 blessés.
23 juin : Grosse offensive allemande
Estimant avoir neutralisé nos batteries et interdit à tout renfort ou ravitaillement l’accès de nos lignes, l’armée Allemande se lançait à l’assaut.
50.000 hommes sont donc jetés à la conquête d’un front de 6 km entre le bois de Nawé (ravin de la Dame) à l’ouest et la batterie de Damloup à l’est.
A 5 h 30, l’ennemi attaque la batterie de Damloup mais ne parvient pas à percer, les fantassins Allemands redescendent rapidement la pente que parsèment de nombreux cadavres. 3 compagnies, accompagnés de 2 bataillons du 63e R.I. montent en renfort sur Froideterre.
Pour les éléments en ligne du ravin des Fontaines aux abords du fort de Vaux, la bataille ne faiblit pas.
Carte du front le 23 juin 1916
Le 25, le régiment subit encore un violent bombardement.
Le 26 juin , le 106e R.I. est relevé par le 173e R.I.
Il a eu 224 tués dont 7 officiers, 644 blessés dont 11 officiers et 82 disparus. Il remet à ses successeurs tout le terrain qu’on lui a confié le 18 juin.
Cet article est dédié à la mémoire de mon grand-oncle, mais aussi des 18,6 millions de morts (civils et militaires, de toutes les nationalités)
Le nom de Oscar DEPRETZ, ouvrier mineur avant la mobilisation, est gravé sur le monument aux morts Place Sainte-Barbe à Nœux-les-Mines.
Ce monument porte l’inscription : « La Compagnie des Mines de Vicoigne Nœux et Drocourt à la mémoire de son personnel ».
Quelques liens :
La grande guerre… au jour le jour
Animation sur la chronologie de la bataille de Verdun
C est un très bel hommage que vous rendez là ! Et je remarque que vous parlez de TOUTES les victimes . MERCI
Bonjour, mon arrière grand père Alfred Rapilly est tombé aussi ce 22 juin 1916 à Damloup et faisait aussi partie de la 106 e , je cherche en vain le lieu de sa sepulture , peut être savez vous oú ont été inhumé les soldats morts à Damloup ?
Merci
Bonjour, désolé je n’ai pas d’information sur le lieu d’inhumation.