Travaux sur les enrochements en baie d’Authie
Posté par Joël le 3 décembre 2017
Vous le savez, sur ce blog je partage parfois des informations qui ne concernent pas Beuvry directement*. Mais ces articles ont pour la plupart un rapport avec la commune :
Ils sont parfois présentés sous forme de dossiers :
Les transports en commun urbains→ le BHNS (Beuvry est à une extrémité de la future ligne).
Réseau hydrographique et lois sur l’eau → la Loisne, le canal des mines, le canal à grand gabarit traversent Beuvry.
Histoire des élections municipales Françaises → Liste des maires de Beuvry de la révolution aux années 60.
…
Sans oublier les thèmes qui reviennent souvent pour lesquels je n’évoque pas nécessairement le rapport avec Beuvry car chacun peut faire par lui-même : le bassin minier, l’Histoire, l’écologie, …
Cette diversité de sujets m’a donné l’idée de modifier le bandeau supérieur de mon blog en début d’année.
Aujourd’hui, vu de Beuvry, je vous propose un sujet sur lequel je me suis penché*, qui d’une part reste en rapport avec des articles récents (inondations - PAPI) et d’autre part interpelle sans doute bon nombre de Beuvrygeois qui se rendent souvent à Berck ou à Fort Mahon : l’évolution de la baie d’Authie.
Voici donc un article un peu plus long que la moyenne… la saison se prête à la lecture !
Depuis la mi-octobre, et jusqu’à la mi-janvier 2018, une dizaine d’engins s’activent en Baie d’Authie pour renforcer le cordon dunaire situé sur les communes de Berck et de Groffliers.
Que se passe-t-il en Baie d’Authie ?
L’accumulation des sables et sédiments sur sa rive sud provoque une dérive de l’estuaire, érodant la rive nord en entrée de baie, tout en colmatant le fond de la baie.
La lente dérive des courants de marée, poussés au nord par le poulier, s’est progressivement accélérée, notamment depuis début 2011.
Cette dérive se traduit par une érosion intense du cordon dunaire au lieu-dit du « bois de sapins » bien connu des amoureux de la baie.
Le cordon dunaire disparaissant, une brèche, toujours grandissante, s’y est créée début 2013, la porte est ouverte vers les zones arrière dont le niveau (entre 4 et 5m) est inférieur à celui des grandes marées.
L’accélération de l’érosion est telle que la dune a reculé en cet endroit de plus de 90m de février 2011 à novembre 2013. Depuis, le recul a persisté, avec une moindre intensité et rapidité.
Quelles sont les risques et conséquences ?
Le risque majeur qui menace potentiellement le secteur est la submersion de la zone arrière par la brèche en cas d’aléa climatique, dans les proportions forcément toujours grandissantes compte tenu de l’élargissement de la zone où ne subsiste aucun obstacle.
Mais il existe aussi un risque d’entrée progressive de la mer, sans aléa climatique particulier, quand les niveaux bas seront atteints.
Les conséquences sont la mise en danger des riverains de proximité et la dégradation de leurs biens, un patrimoine environnemental dunaire sauvage en voie de disparition, une salinisation des terres agricoles et de la nappe phréatique et une asphyxie du fond de baie avec des impacts faunistiques et floristiques désastreux.
Si on laisse la dérive des courants se perpétuer il est clair que le risque grandira toujours.
Si vous souhaitez en savoir plus, cliquez pour télécharger le dossier :
« COMPRENDRE L’EROSION EN BAIE D’AUTHIE » (Document très instructif produit par l’association « Association de Défense contre la mer en Baie d’Authie ».)
Il fallait donc agir !
Le projet a été initié en 2016 par la Communauté de Communes. Il a été soumis à une enquête publique** portant sur la demande de concession d’utilisation du Domaine Public Maritime en vue du maintien d’ouvrages de défense contre la mer et de travaux de reconstruction d’un cordon en enrochements.
Le projet a naturellement fait l’objet d’un avis d’appel public à la concurrence intitulé « Travaux d’entretien du cordon d’enrochement des sternes ». Les entreprises devaient répondre au plus tard le 14 octobre 2016, soit environ un an avant le début des travaux.
Enquête publique
Le dossier d’enquête a été mis à la disposition du public aux heures normales d’ouverture des bureaux des mairies de Berck et de Groffliers du 15 mai au 16 juin 2017.
Considérant notamment :
- que les Avis Favorable formulés par les autorités compétentes ont été pris en considération ;
- qu’aucune requête n’a été formulée durant l’ouverture de l’enquête tant sur les registres déposés en mairies de Berck sur Mer et Groffliers que sur le site internet ouvert spécialement à cet effet en Préfecture du Pas-de-Calais ;
- que les conclusions de l’étude d’impact confirment que les travaux envisagés sont de nature à permettre la stabilisation du rivage sans conséquence sur les milieux naturel floristique et faunistique si ce n’est d’envisager durant l’exécution des travaux, des mesures particulières en vue d’assurer la tranquillité des populations de marsouins – phoques gris veaux marin sur leurs zones de repos ;
le Commissaire Enquêteur qui avait tenu 2 permanences sur chaque commune a rendu un avis favorable le 23 juin 2017.
Quelques chiffres
Un cordon d’enrochement de 1,5 km pour une largeur variant de 3 à 5 m va renforcer l’enrochement déjà présent mais insuffisant.
Au final se sera environ 40.000 tonnes de roches provenant du bassin carrier de Marquise qui seront disposées dans la baie d’Authie pour constituer un « mur » qui empêchera l’eau de s’infiltrer dans les terrains situés derrière la baie.
Coût total : 1,39 millions d’euros, subventionnés à hauteur de 80% par l’État et l’Europe.
Dans la foulée de ces travaux, un ré-ensablement de 30.000 m3 est prévu au Bois de Sapin.
Travaux en cours
Voici quelques photos personnelles du dimanche 26 octobre :
© Reproduction Interdite
Voici une petite vidéo réalisée quelques semaines après le début des travaux :
Peut mieux faire…
L’association SOS Baie d’Authie précise dans un texte qui accompagne cette vidéo :
« Notre association réclamait ces travaux depuis sa constitution le 15 01 2011, alors nous n’allons pas nous plaindre. D’autant plus que l’on y « met le paquet » et que l’on sécurise le secteur devenu fragile du cordon dunaire au niveau du camping du Halloy, devant une proche zone basse urbanisée, danger que nous signalions depuis deux ans. Bravo donc.
Rappelons que ces enrochements, qui ont été construits en plusieurs fois ,au fur et à mesure de la fragilisation de la dune par les tempêtes, étaient en fait un complément de la digue submersible qui remplissait de moins en moins sur le devant son rôle de brise lames du fait de son progressif délabrement.
Le dispositif sera complet lorsque que cette digue sera confortée. C’est dans les tablettes à ce que l’on nous a dit, mais quand???
Nous regrettons cependant que ces travaux ne concernent que la partie berckoise des enrochements qui allaient jusqu’au blockhaus, le bois de sapins n’est donc pas concerné par cette opération.
A Berck on respire mais à Groffliers on tousse encore.
Pourtant on se dit qu’avec un cordon d’un tel volume au bois de sapins, complété côté mer, d’un dispositif de blocage du courant et côté dune d’un rechargement en sable préservant d’un débordement, on serait tranquilles pour un bon moment. »
Quelques liens
Réflexions personnelles et méthodes de travail
Les phoques de la baie d’Authie
Site de l’association SOS Baie Authie
Page Facebook de l’association
Voir également les liens (bleu clair) contenus dans l’introduction de cet article.
* Il m’est arrivé à plusieurs reprise de constater que certaines personnes ne portaient pas un intérêt aussi sincère que celui qu’elles affichaient publiquement sur des thèmes tels que l’Histoire ou l’écocitoyenneté et à chaque fois j’ai eu envie d’arrêter ou limiter ce partage d’informations. Des échanges récents m’ont finalement encouragé à poursuivre quelques temps cette démarche. L’article que je vous ai proposé aujourd’hui avait une autre destination, je me suis finalement décidé à le publier sur mon blog.
** Comme c’est souvent la cas, l’enquête publique n’a pas reçu beaucoup d’attention de la part des habitants…
(Souvent, ceux-là même qui refusent de se pencher vraiment sur les dossiers, d’assister aux réunions publiques en écoutant attentivement les intervenants ou de formuler des remarques lors d’enquêtes publiques sont les premiers à se manifester bruyamment lorsque les décisions sont prises… mais c’est un autre sujet.)
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