Bonjour tertous,
Suite à une entretien le mois dernier avec un Beuvrygeois, je me suis posé la question : peut-on se passer de connaître le patois à Beuvry ?
Des rencontres souvent instructives m’ont aidé à y répondre.
Vous connaissez tous une bonne blague qui n’a de raison d’être que si elle est racontée en patois. De même, certaines expressions chti offrent des métaphores que l’on ne retrouve pas forcément dans le Français courant. D’ailleurs, certains Beuvrygeois ne se privent pas de ces formules pour exprimer leur pensée. D’autres sont même beaucoup plus à l’aise avec le patois qu’avec un Français trop académique qui ne correspond pas à leur personnalité.
Sans pour cela le parler couramment, il me semble donc indispensable de connaître les fondements pour suivre certaines conversations intéressantes.
J’ai trouvé utile d’aider certaines de mes connaissances à acquérir quelques bases.
Notre patois, s’appuie fortement sur le Picard, auquel on mélange des mots déformés, et notre accent faisant le reste. Voici donc quelques notions de cette langue Régionale.
Des expressions très imagées :
Je pense que chacun ou presque peut comprendre ceci : I’mint comme un arracheux d’dints !
(Il ment comme un arracheur de dents !)
D’autres expressions sont bien plus typiques de la région :
Ferme eut’bouque tin nez i va queire éd’dins ! (Littéralement : Ferme ta bouche ton nez va tomber dedans !)
Signifie : Reprends-toi, fais quelque chose !
Té peux toudis chiffler poupoule ! (Littéralement : Tu peux toujours siffler après une poule !)
Signifie : Tu peux toujours courir !
Té veux m’l'intiquer pa’ch’gros bout ! (Littéralement : Tu veux l’introduire par l’extrémité la plus large !)
Mais aussi :
Té veux m’faire gober d’z'oeufs durs ! (Littéralement : Tu veux me faire gober des œufs cuits durs !)
Ou encore :
Té veux m’faire craquer d’z'allumettes dins l’ieau ! (Littéralement : Tu veux me faire craquer des allumettes dans l’eau !)
Ces 3 expressions fleuries signifient :
Tu veux me faire croire à des choses invraisemblables !
Mon petit dico : le patois de A à Z
Même les non initiés connaissent la ducasse, voici ma sélection de quelques mots utilisés par les chtis qui trouvent leur origine dans le Picard .
Abile : Vivement, précipitamment (abile les vacances – vivement les vacances).
Ne pas traîner, se dépêcher, vite (abile don – Allez, dépêche-toi donc!).
Synonyme : Groule.
Babache : Simplet, imbécile.
La variante propre au secteur de Lille – Armentières est Boubourse, désormais connue grâce à Danny Boon.
Carabistoulles (des) : Des contes, des âneries, des bêtises… On dit aussi des cacoulles. (Ch’est tout cacoulles chu qu’ té dis – Tu dis des bêtises).
Dallache (un) : Activité, mouvement, remue-ménage.
Épautrer : Écraser, écrabouiller ; êtt’ épautré : être serré.
Quand un enfant traverse la route où les véhicules roulent trop vite, il risque de se faire épautrer…
Fieu : Fils. Utilisé aussi comme terme d’amitié protectrice envers un plus jeune.
Guinse : Faire bonne chaire. Être in guinse – Être légèrement éméché, saoul. (sérieusement, vous ne la connaissiez pas ?)
Huigner : Geindre (personne) ; grincer (objet)
Il : s’emploie dans l’Artois pour dire : il est lundi au lieu de (c’est lundi)
Jus : Café (Vins don boire un’n goutte èd’jus – Viens donc boire un café).
Même si vous n’aimez pas le patois, faites un effort pour comprendre cette expression, vous pourriez vexer votre interlocuteur !
Kermesse : Fête locale (Eul’kermesse d’eul paroisse). Un des mots d’origine Picarde, qui est entré dans le Français courant.
Lapider : Travailler dur, dans de mauvaises conditions.
Marrone : Pantalon (je vous épargne l’origine…)
Niguedoule (nig’doule) : Imbécile, bête. (avec un tel vocabulaire pour les imbéciles, on peut comprendre certains clichés tenaces)
Ouvrage : Travail
Pos d’chuc : Petits pois (Littéralement : pois de sucre / pois sucrés)
Quo que [se prononce kok]: Qu’est-ce que. Quo que té dis ? – Qu’est-ce que tu dis ?
Si vraiment vous ne voulez pas parler quelques mots après cet article, celle-ci… il faut vraiment la connaitre !
Revoyure (à la) : Au revoir.
Sais quo : Quelque chose (viens de « sais quoi ») I’a un jé n’sais quo qui va nin - Il y a quelque chose qui ne va pas.
Tertous, tertoutes : Tous, toutes dans le sens de tout le monde (Bonjour tertous – Bonjour tout le monde).
Il existe une variante, Ti z’aut’ : Vous tous.
Tout’ et out’ : autant dedans que dehors (Un 2ème mot commençant par T car je me souviens que ma maman utilisait souvent cette expression).
U : Je n’ai pas trouvé de mot commençant par U, d’autant qu’en patois, on utilise le terme un’n pour dire une !
Vindjou, Vindidjou : S’utilise comme l’expression « Bon sang ! ».
Cette expression était considérée comme un blasphème jusqu’aux années 1950. Aujourd’hui elle est couramment utilisée et complètement séparée de son sens premier.
Wassingue : Serpillière. (Dans le Var on dit la pièce…)
Zique : Petite quantité
Même si je le parle un peu et le comprends, j’ai du faire quelques recherches pour l’écriture.
Que les spécialistes Beuvrygeois du ch’ti n’hésitent pas à corriger les erreurs éventuelles.
Laissez donc vos commentaires…
Amis non patoisants, ne pensez-vous pas maintenant que le vocabulaire ch’ti est amusant ?
Allez, à la revoyure tertous
Joël DEPRETZ