Histoire canal d’Aire à La Bassée
Posté par Joël le 19 août 2011
Comme nous l’avons vu précédemment, le canal qui traverse Beuvry s’est avéré comme une nécessité au début du 19ème siècle et la loi de concession du 14 Août 1822 a permis son financement et donc sa construction.
Cette communication entre la Deûle et la Lys a ainsi été ouverte à la Navigation en 1825, en voici l’historique.
Construction du canal
Depuis longtemps, les États d’Artois, s’étaient préoccupés de l’urgence de ce canal (afin de réduire la distance de la navigation entre Dunkerque et la Seine).
Mais c’était à Saint-Venant que la Deûle devait venir joindre la Lys ; le projet fut adopté en 1790 par l’Assemblée Constituante et de nouveau remis à l’étude… sans résultat en 1811.
La concession fut finalement accordée à la Compagnie Loque et Desjardins, le 4 avril 1822, pour une durée de « 87 ans et 11 mois à dater de la ratification de la loi », (soit le 14 août de la même année).
Les travaux de creusement furent réalisés rapidement, en 1824 et 1825.
Le 1er mars 1825 on ouvre à la navigation la portion du canal entre La Bassée et Béthune, puis la partie entre Béthune et Aire le 25 octobre.
Le canal d’Aire ainsi creusé a une longueur totale de 41,145 km et se compose de deux biefs :
- Le bief de Cuinchy d’une longueur de 10,526 km
- Le bief de la Lys d’une longueur de 30,619 km
Séparés par l’écluse de Cuinchy.
A la suite d’un traité de commerce, une loi du 1 er août 1860 opéra le rachat du canal d’Aire.
Une autre loi du 20 mai 1863 régla l’indemnité due à la Compagnie…
Depuis lors, le canal est définitivement rentré dans les mains de l’Etat.
Améliorations réalisées depuis le rachat
Le canal a été restauré et approfondi de manière à porter son mouillage à 2m 20 et à permettre le passage des bateaux prenant 1 m 80 d’enfoncement.
Le décret du 25 avril 1868 autorisa l’amélioration du bief supérieur.
L’amélioration du bief inférieur fut prescrite par le décret du 30 août 1871.
Le décret du 28 juin 1880 a permis d’exécuter les travaux suivants :
Amélioration des ouvrages d’art ;
reconstruction de neuf ponts-levis et construction de neuf maisons pontières avec annexes ;
Curage général à 9m 40 au plafond et 2m 20 de tirant d’eau.
Les rivages
Le canal d’Aire à La Bassée donne lieu à des embarquements considérables de houille du bassin du Pas-de-Calais. Sept Compagnies houillères y ont installé des rivages qui sont reliés avec leurs fosses par des voies ferrées :
* La Compagnie des mines de Béthune, dont le quai est établi à Violaines rive gauche, à 8km135 ;
* La compagnie des mines de Vicoigne et Nœux, dont le canal débouche sur la rive gauche, à Beuvry, à 13km273.
Indépendamment de ces rivages particuliers, il existe sur le canal d’Aire deux grands rivages publics.
L’un, qui appartient à la ville de Béthune et qui s’étend sur la rive gauche, sur une longueur de 400 mètres, en amont du pont de la Gare, à 18km438.
L’autre, sur la rive gauche, à 5km800, est établi dans un bassin latéral, débouchant dans le canal à l’aval du pont des Vaches ; il appartient à la ville de La Bassée.
Sept autres rivages publics ont été établis sur les territoires des communes d’Hantay, Cuinchy, Beuvry, Robecq, Busnes, Guarbecques et Isbergues.
Améliorations nécessaires au 20ème siècle.
La navigation était devenue très difficile sur le canal d’Aire, en raison du trafic considérable, dont le tonnage effectif s’est élevé en 1898 à 3.679.144 tonnes.
Le nombre de bateaux en attente de chargement ou de déchargement dans les six rivages houillers est considérable et cause des encombrements fréquents.
L’Administration vient de prendre en considération un avant-projet d’établissement de deux gares d’eau, à Béthune et à Hantay, et d’un garage à Isbergues.
Un avant-projet d’amélioration générale prévoit :
1° Approfondissement à 2m 50 de tirant d’eau et l’élargissement à 10m 50 du plafond du canal;
2° Doublement du chemin de halage et défenses de berges;
3° Rectification de La Bassée ;
4° Doublement de l’écluse de Cuinchy et établissements de garages aux abords ;
5° Reconstruction de dix ponts fixes, treize ponts tournants, deux viaducs de chemin de fer, passerelles, trois maisons pontières ;
6° Enfin, élargissement de vingt siphons et reconstruction de huit aqueducs.
Amélioration du mouillage
Un canal est une sorte de grand fossé creusé par l’homme dont le profil a presque la forme d’un trapèze isocèle. La base porte le nom de plafond, le plan d’eau celui de miroir, la distance verticale qui les sépare s’appelle mouillage.
En 1900, le canal d’Aire à La Bassée présente partout un mouillage de 2,20 m et permet le passage des bateaux prenant 1,80 m d’enfoncement.
La tenue des eaux du bief supérieur est commandée par le niveau réglementaire de l’écluse de Don, sur le canal de la Deûle. Celle du bief inférieur est commandée par les niveaux réglementaires de l’écluse de St-François, sur la Lys, et des écluses des Fontinettes, sur le canal de Neuffossé.
L’alimentation est assurée dans le bief supérieur par la Deûle, et dans le bief inférieur par la Lys, avec lesquelles le canal est en libre communication.
Le projet de dragage et d’approfondissement du Canal à 2,50 m sous le plan d’eau entre Bauvin et le point 18,100 km a été approuvé par l’Administration Supérieure à la date du 19 Décembre 1906.
Les travaux ont été adjugés le 26 Janvier 1907 à M. Guisez, entrepreneur à St Amand, et sont commencés en mai 1907.
Evolution de l’écluse de Cuinchy
La construction de la première écluse, au niveau du pont routier actuel, rend la circulation difficile entre les deux parties de la commune, mais en contrepartie elle apporte beaucoup d’activités.
Ainsi, la population de ce village voisin, passe de 500 à 1500 habitants, de 1825 à 1914.
Face à l’accroissement du trafic sur le canal, une deuxième écluse, au gabarit Freycinet à deux sas, est construite (à côté de l’écluse actuelle) en 1908.
Lorsque dans les années 60 le canal est mis au « grand gabarit », on accole une nouvelle écluse à l’ancienne, d’une longueur de 136,60 m, de 12 m de largeur et de 6m de profondeur.
Elle permet le passage des convois poussés de 3.000 tonnes.
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